Saviez-vous que chaque année, des tonnes de micro-plastiques (MP) envahissent nos sols, menaçant notre environnement et notre santé ?
Ces minuscules particules de plastique, souvent invisibles à l'œil nu, sont devenues un fléau silencieux mais bien réel. Il est grand temps de tirer la sonnette d'alarme et d'exiger des mesures concrètes pour endiguer cette pollution insidieuse. Sur le sujet, deux rapports de l’ADEME mettent en lumière ce problème en lien avec les sols :
- le premier porte sur la présence de microplastique (MP) dans les produits résiduaires organiques (comme les composts). Il est sans appel : sur 167 échantillons analysés, 1 seul ne contient pas de microplastiques. Il pointe particulièrement du doigt les compost issus des installations de tri mécano biologiques (qui seront interdits en 2027) ;
- le second est intitulé “projet MICROSOF” et vise à établir les premières références nationales sur la contamination des sols français par les MP. Sur 33 échantillons de sol analysés en France, 76 % contiennent des microplastiques. Un résultat alarmant qui n’aborde pas les causes de cette pollution mais appelle à poursuivre les investigations.
Les microplastiques, un fléau sous-estimé au niveau des sols
On le sait aujourd’hui, les microplastiques perturbent gravement les écosystèmes. Ils affectent la croissance des plantes, modifient la composition des sols et mettent en danger la survie de nombreuses espèces animales. Ces particules peuvent être ingérées par les organismes vivants, entraînant des effets néfastes sur leur santé et leur reproduction. Qui n’a pas vu une image de poisson ou d’oiseau le ventre rempli de plastique ?
Mais le problème ne s'arrête pas à l'environnement. Les micro-plastiques peuvent également entrer dans notre chaîne alimentaire, avec des conséquences encore méconnues mais potentiellement graves pour la santé humaine. Une étude commandée par le WWF à l’Université de Newcastle, montrait en 2019 que nous ingérons, chaque semaine 5g de plastique, soit l'équivalent d'une carte de crédit en plastique. Une situation alarmante qui nécessite des actions urgentes.
Si les microplastiques sont largement étudiés depuis plusieurs années au niveau de leur impact sur les océans et la vie marine, il reste encore tout à faire au niveau des sols. Or ces derniers sont aussi contaminés d’après l’étude MICROSOF de l’ADEME. A quelle ampleur ? et avec quels impacts ? L’enquête de l’agence pour la transition écologique a posé des premiers constats alarmants sur la présence de ces microplastiques dans tous les échantillons (sauf un) qu’elle a étudiés, faisant les choux gras de la presse, qui s’est empressée parfois de pointer le tri et le recyclage des déchets et des biodéchets. Ainsi pouvait-on lire dans un article de Mediapart du 26 décembre 2024 intitulé “Les sols sont largement pollués par les microplastiques” : "Car ce qui est en jeu, c’est une pratique qui se voulait écologique : le tri et le recyclage des déchets – les biodéchets, issus de la décomposition des aliments, permettant de remplacer les engrais chimiques dans les champs agricoles. Or ce tri est mal fait, et ces fertilisants à base de matières naturelles contiennent des tas de résidus issus de la dégradation d’emballages plastiques." Alors, est-ce un problème de tri ?
L’enjeu ? la qualité du geste de tri
Au-delà de la polémique sur les microplastiques présents dans des composts remis au sol (avec un gros point noir dans le rapport ADEME sur les composts issus de tri mécano-biologique), l’enjeu est bien la qualité du geste de tri en amont. Séparer correctement les déchets alimentaires et les autres déchets est un impératif pour un retour au sol de qualité de la matière organique.
Et c’est bien là que le savoir-faire des adhérent·es du Réseau Compost Citoyen et des maitre-composteur.es formé·es est indispensable : il est en effet crucial de sensibiliser et d’accompagner les citoyen·nes sur les bons gestes et notamment sur la nécessité de proscrire tout emballage plastique, mais aussi biodégradable ou compostable des bacs de compost. Et de se conformer strictement aux recommandations de l’ANSES sur le sujet. C’est bien la qualité du geste de tri qui fera la qualité du compost et garantira un compost exempt de microplastiques.
Législation : des trous dans la raquette du futur texte du Socle commun
Aujourd'hui, il n'existe pratiquement aucune législation spécifique pour réguler la présence de micro-plastiques dans les sols. Les politiques actuelles sont insuffisantes et manquent cruellement de vision à long terme, alors que la production de plastique a explosé ces dernières années dans le monde.
Selon l’étude de l’ADEME, les trois quarts des microplastiques retrouvés dans les échantillons sont inférieurs à 1mm (on peut presque parler de nanoplastiques) et donc échappent à tous les seuils réglementaires actuels et à venir. En effet le futur texte du Socle commun des matières fertilisantes et supports de culture, qui se fait attendre, avait fixé un seuil à 2mm. Ce qui laisserait encore passer une grande partie des microplastiques. Profitons de ce texte pour définir des normes plus strictes protégeant les sols et notre santé.
Prenons le sujet à bras le corps maintenant, tant sur l’interdiction des plastiques à usages unique que sur une réglementation stricte des produits dits biodégradables ou compostables, comportant trop souvent du plastique, même à dose minime. Prévention et réduction doivent primer avant tout et on ne pourra pas se contenter de normaliser des produits compostables sans une véritable réflexion sur leur utilité.