L’ADEME vient de publier ses derniers chiffres sur le tri à la source des biodéchets. Avec une bonne nouvelle : le nombre de Français.es disposant d’une solution de tri pour leurs biodéchets atteint presque les 50 % de la population. Avec une hausse de l’engagement dans le geste de tri Nous nous en félicitons ! Mais l’objectif est bien de mettre TOUS nos biodéchets dans un bioseau : or, selon l'ADEME, 900 000 t de biodéchets sont triés et vavalorisés par an, soit seulement 10 % ! Le Réseau appelle donc à poursuivre les efforts et propose des solutions pour valoriser les 90 % restants dans nos poubelles.
De bons chiffres d’équipement mais des performances à améliorer :
Premier chiffre à retenir : 32,1 millions de Française.s disposent aujourd’hui d’une solution de tri à la source, contre 26, 8 millions en juillet 2024. Une hausse notable, tout comme le pourcentage de citoyen.nes disant avoir adopté ce nouveau geste de tri (56%). Sur ces 32 millions de personnes engagées, 30 % disposent d’une solution de compostage de proximité (individuelle ou collective), 20% d’une collecte séparée.
Cette bonne nouvelle doit toutefois être relativisée. 44 % des Français.es ne sont pas encore engagés dans le tri ( faute de solution à leur disposition ou rebutés par les désagréments supposés de ce tri et du compostage). De plus, les performances atteintes sont encore loin du compte, au regard de ce qui reste dans nos poubelles. L’ADEME annonce 900 000 tonnes de biodéchets triés et valorisés, sur un gisement de 10 millions de tonnes ! Seuls 10 % des biodéchets évitent donc l'enfouissement ou l’incinération, c’est encore trop peu pour parler de réussite.
Trois facteurs principaux peuvent expliquer ces bons chiffres :
1/ Les effets bénéfiques de la loi AGEC et de l’obligation du tri à la source au 1er janvier 2024. Une partie des collectivités ont engagé des efforts à l’approche de l’entrée en vigueur de la loi, dont l’application doit se poursuivre de manière ambitieuse.
2/ L’utilité du Fonds vert pour financer la mise en place du tri à la source dans les collectivités. Indéniablement ces financements ont permis le déploiement de solutions sur le terrain.
3/ Le travail des professionnels de terrain et du Réseau Compost Citoyen depuis plus de 15 ans.
Une filière s’est construite, elle doit continuer à évoluer, se structurer et à faire évoluer les métiers pour coller aux réalités du terrain. Le Réseau Compost Citoyen est aujourd’hui reconnu pour son travail par l’ADEME et par son réseau de 1200 adhérents, dont 300 collectivités adhérentes, et ses 13 réseaux régionaux.
Les demandes du Réseau Compost Citoyen :
1/ Une campagne de communication nationale :
Alors que l’on atteint les 50% de la population couverte, il nous semble urgent que le ministère de la Transition écologique lance une campagne nationale de sensibilisation à destination du grand public. En effet, l'investissement dans les moyens opérationnels ne suffit pas pour faire évoluer le geste de tri, comme le montre aussi les nombreux freins qui subsistent (peur des rats, des odeurs, etc.). C’est un vrai changement de mentalité que les foyers (et les professionnels) doivent opérer. C’est aussi ce que nous disent les 300 collectivités adhérentes du Réseau que nous avons sondé en décembre dernier : + de 70% d’entre elles ont indiqué que la communication était un facteur clé de réussite et souhaitaient une campagne nationale auprès de la population.
2/ Utiliser une partie de la TGAP pour financer la continuité du déploiement des solutions de tri à la source :
Il est important de financer la poursuite des efforts et la pérennité dans la durée des dispositifs mis en place ces dernières années. Utiliser une partie de la Taxe générale sur les activités polluantes est un moyen de soutenir financièrement les collectivités engagées dans le tri à la source des biodéchets.
3/ Continuer à investir via le Fonds vert :
Le Fonds vert a été utile à la mise en place du tri à la source dans les collectivités, comme le montrent les chiffres de l’ADEME. Le Réseau souhaite qu’il serve à présent à financer des investissements : formation des agents des collectivités, soutien aux projets des bailleurs sociaux pour encourager le tri à la source des biodéchets en habitat vertical.
4/ Des objectifs chiffrés et ambitieux de détournement des biodéchets des ordures ménagères, avec un calendrier précis. C’est également une mesure qui a été portée au travers du rapport des députés Stéphane Delautrette et Véronique Riotton sur le bilan de la loi AGEC.
Article à lire ici
Communiqué de presse sur le bilan 1 an après.
Conclusion : Parmi les freins cités dans notre enquête auprès des collectivités adhérentes étaient cités en premier : le manque de temps, les moyens financiers et le manque de personnes formées sur leur territoire. La formation est un point clé à ne pas négliger et la financer est indispensable sur la durée pour maintenir et augmenter les performances de tri.
Le Réseau Compost Citoyen s’alarme ainsi des coupes budgétaires dans la transition écologique, de l'arrêt des financements du Fonds vert, alors même qu'il faut continuer à soutenir les collectivités, les professionnels et les réseaux qui mettent en œuvre le tri à la source des biodéchets et leur valorisation sur le terrain. Le Réseau est bien sûr prêt à défendre ces positions auprès du ministère lors de sa prochaine réunion au ministère en mai, aux côtés de ses partenaires.
(infographie ADEME)